Bruce Springsteen
Springsteen vu par…
Bruce Springsteen a su toucher le cœur de millions de personnes à travers le monde et tout au long de sa carrière. Aujourd’hui, et à la manière du documentaire « Springsteen & I », retour sur les passages français du plus célèbres des enfants du New Jersey à travers les yeux de Pierre, qui n’a raté aucun des concerts du boss à Paris depuis le premier en 1981.
Comment as-tu découvert Bruce Springsteen ? Es-tu devenu fan sur le coup ?
J’avais écouté sur un vieil électrophone « Born To Run » qu’un ami m’avait prêté à sa sortie. J’avais aimé mais j’étais passé à autre chose. Ma vraie rencontre avec le Boss se situe en 1977 dans un camping allemand. « Prove It All Night » passait à la radio et je n’ai eu de cesse de me procurer d’abord la cassette de l’album « Darkness On The Edge Of Town » puis le vinyle. J’ai cristallisé tout de suite. Fan n’est pas un mot assez fort : j’étais amoureux (je me souviens encore de tous les détails de cette première écoute).
Quel est ton premier concert du Boss ? Quel souvenir en as-tu ?
Son premier concert en France au Palais des Sports de Saint-Ouen, le samedi 18 avril 1981. Je m’en souviens comme si c’était hier. Tournée « The River ». On était tous assis mais ça n’a pas duré longtemps. Une force et une puissance de feu incroyables avec une set list impressionnante. Un choc absolu, l’autre versant de la première véritable écoute. Là je savais déjà que c’était pour la vie !
Et le dernier ?
Le dernier en date au Stade de France, le 29 juin 2013. Un beau concert énergisant et serein !
Quel est pour toi le concert le plus marquant auquel tu as pu assister, et le souvenir le plus émouvant ?
Incontestablement, le concert du 4 juillet 2012 à Bercy, celui que j’appelle « La Vie en Rose » (à cause de l’intro jouée par Charlie Giordano et Roy Bittan). Pour la toute première fois j’étais dans le « pitt ». Une vision totalement différente, presque comme si j’étais sur scène. J’ai gratouillé la guitare du Boss, pris le verre qu’il nous tendait. J’étais redevenu un môme de 18 ans. Même si le concert du lendemain était plus fort musicalement (« Au Clair de la Lune » pour l’intro), je n’avais jamais vécu un tel orgasme musical.
Comment les concerts de Bruce ont évolué selon toi avec le temps ?
De manière plus diversifiée qu’on ne pourrait le croire. Il y a eu des périodes de ruptures puis de retrouvailles. La gravité a parfois pris le pas sur le côté festif mais celui-ci est toujours revenu. En fait, les concerts de Springsteen ont pris des tournures particulières suivant les époques et les albums : les moments d’anthologie avec le « E Street Band », les concerts solo acoustiques, les « Seeger Sessions » et la période (moins heureuse) sans le « E Street ». Et puis Danny et Clarence sont partis. Bruce a toujours été remarquable mais il « prend la scène » désormais comme si chaque minute était comptée. La dernière tournée est révélatrice de cet état d’esprit. Pas de fioritures ni d’effets spéciaux, quatre heures de Rock et une générosité teintée d’humanité à nulle part égales.
L’ensemble des albums du Boss datant de la période 1973-1984 sont sortis cette année dans un coffret entièrement remasterisé (The Album Collection Vol. 1 1973-1984). Quel est pour toi le meilleur album du lot et pourquoi ?
Question très complexe tant cette époque est riche. J’aurais tendance à évoquer la luxuriance de « Born To Run » ou le dépouillement de « Nebraska » mais définitivement je choisis « Darkness On The Edge Of town ». D’abord parce que c’est ma toute première « vraie » fois et surtout parce que ce disque est d’une urgence phénoménale : « Prove It All Night », « Badlands », l’immense « Candy’s Room », toutes les chansons sont des chefs d’œuvre et la cohérence de l’ensemble en fait un classique absolu.
Le documentaire « Springsteen and I » s’intéresse à la vie du Boss à travers les yeux et nombreux récits de ses fans, as-tu toi-même une anecdote à partager ?
J’étais à un concert de Huey Lewis and The News au Zénith de Paris avec Bruce Hornsby en première partie. On était à droite de la scène au premier rang. Je disais à ma belle sœur qui m’accompagnait « Ah si ça pouvait être l’autre Bruce, le seul, l’unique… ». Et puis au milieu du set, j’ai aperçu Bob Geldof accompagné d’un gars avec une guitare. Les deux se sont approchés et sont restés au bord de la scène. La crise d’apoplexie endiguée, j’avais repris mes esprits : le Boss était à deux mètres. J’ai passé toute la fin du concert à ne regarder que lui et à dire à tous ceux qui étaient autour : « Regardez, il y a Bruce là juste à côté ». Manifestement, les gens me prenaient pour un dingue (ils avaient peut-être raison d’ailleurs). Au rappel Bruce et Bob ont rejoint Huey pour une version d’anthologie de « Barefootin’ », un titre de Robert Parker. Et tu ne me croiras pas, la moitié de la salle se demandait en sortant qui étaient les deux musiciens qui étaient venus sur scène. Maintenant ça pourrait sembler banal mais à l’époque, c’était à mes yeux un évènement planétaire. Bref, tu l’as compris, je suis et je le resterai jusqu’au bout ! Born to Bruce !
Propos recueillis par Brian Roussel
Découvrez ci-dessous la playlist des incontournables de Bruce par Pierre :
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