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Leonard Cohen

Songs of Love and Hate

Si Leonard Cohen n’avait offert au monde que ses deux premiers albums, SONGS OF LEONARD COHEN (1967) et SONGS FROM A ROOM (1969), nous lui devrions quand même d’éternelles salves de gratitude…et sa renommée serait de toute façon assurée pour les siècles et les siècles ! Mais Len avait déjà d’autres projets, ce qui signifie chez …

mercredi 27 juillet 2011
Leonard Cohen_Songs Of Love And Hate

Si Leonard Cohen n’avait offert au monde que ses deux premiers albums, SONGS OF LEONARD COHEN (1967) et SONGS FROM A ROOM (1969), nous lui devrions quand même d’éternelles salves de gratitude…et sa renommée serait de toute façon assurée pour les siècles et les siècles !

Mais Len avait déjà d’autres projets, ce qui signifie chez lui bien d’autres textes en souffrance de musiques. Seulement voilà, entre ses amours tumultueuses, ses tournées arrosées au (grands crus de) vin rouge et ses multiples voyages mystérieux (initiatiques autant que pèlerins), le Barde de Montréal et d’Hydra n’arriva longtemps à rien.Puis il re-découvrit Hank Williams, l’Arthur Rimbaud de la Country Music, et ce fut comme un Saint Paul titubant sur la route de (Damas-)Nashville, où l’album fut enregistré en quelques jours par Bob Johnston, producteur en ces mêmes lieux de BLONDE ON BLONDE et NASHVILLE SKYLINE pour l’adoutablemi-rival Bob Dylan, un peu plus tôt, en compagnie de la crème des mercenaires locaux, fouettée par le re Charlie Daniels, son banjo et son violon.
Songs of Love and HatePlus étrange, plus hanté que l’alliage précaire de ces vers noirs de suie et de ces mélodies plus torves encore que sentimentales, ça n’existait pas à l’Est de Brel par temps d’orage et ne reviendra que par la magie anthracite du disciple Nick Cave, lequel d’ailleurs reprit à son heure « Avalanche », pétrifiant vestibule de ce palais des soupirs où chaque pièce est un film, ici de Fellini ou de Visconti, là de Bergman, là encore de Tarkovski. Les somptueuses parties d’orchestre accentuent l’échec des situations, l’ironie blessée du récitant : car Leonard est entré dans une transe de volupté cruelle qui décale son chant aux confins mêmes de la poésie totale. C’est beau et terrifiant à la fois («  Famous Blue Raincoat », un sommet absolu !), d’une honnêteté déchirante («  Diamonds In The Mine ») et implacablement drôle aussi («  Joan Of Arc », si, si…), quand on veut bien suivre l’Ultime Baladin au fil des méandres de ses rivières de perles : en 1971 mieux qu’avant et plus que jamais depuis (sauf autour de THE FUTURE, vingt ans plus loin), Cohen est l’Envoûteur Envoûté…par sa Muse ! Piste pour jeu de l’été : à quoi ressemblait-t-elle alors ? Et aujourd’hui ??…

Remasterisé en 2007, l’album propose en guise de bonus une version plus ancienne, et donc moins volontiers décadente, de « Dress Rehearsal Rag », où il est déjà question de Jeanne d’Arc, mais dans un autre…registre, dirons-nous !…