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Prefab Sprout

Le « Brian Wilson d’or » des années 80 attribué à… Paddy McAloon

Chez Legacy, on aime forcément les références, et, en termes de génie de la musique universellement reconnu comme tel, Brian Wilson tient la pole position pour la pop américaine des 60’s.

mercredi 17 juin 2015
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Un ou deux albums mythiques («Pet Sounds», «Smile»), un destin tarabiscoté : drogue, dépression, petit « pète au casque », tous les ingrédients sont là pour que l’estampille «génie» se justifie.

Mais pour les années 80, qui seront les génies ? Il n’y a peut-être pas encore assez de recul pour en être certain mais on parierait bien sur Paddy MacAloon, l’homme derrière Prefab Sprout – les bourgeons préfabriqués, un nom bizarre jamais vraiment expliqué et qui, il faut bien le reconnaitre, sonne très mal avec l’accent de Gabin…

Tout y est : débuts confidentiels, puis succès critique qui précède celui rencontré auprès du public, puis le déclin, le retrait de la scène, la maladie et les épreuves, la vie de quasi reclus et finalement l’amour immodéré de ceux qui se souviennent et savent que Paddy McAloon est un compositeur comme les années 80 et peut-être même toute l’histoire de la pop n’en ont connu qu’une poignée.

Paddy dans les 80’s

Paddy dans les 80’s

Flash back dans les années Top50, en 1988 précisément : Prefab Sprout connait le succès sur nos terres gallicanes avec deux titres qui font la joie des programmateurs des radios dites libres de l’époque «King Of Rock N Roll» et surtout «Cars And Girls».

Or les deux titres tiennent en fait de la récréation pour Paddy McAloon : il y singe les clichés du «Wock n’ Woll» pour les tourner gentiment en dérision. Sur «Cars and Girls» il se permet même de donner une petite leçon à Bruce Springsteen sur le sens de la vie… qui est plus que simplement des «voitures et des filles». Il faut bien avouer que Paddy avait clairement mésestimé les textes de Bruce dont on sait combien ils sont profonds et sincères.

Revenons encore un peu en arrière dans le temps : 1985, l’année de la sortie de «Steve McQueen».

Trente ans plus tard, l’unanimité semble de mise chez tous les curateurs de la musique des 80’s : cet album est un chef d’œuvre à ranger aux côtés des albums des Smiths ou de ceux des Pale Fountains, autres maudits de l’histoire de la musique.

En 2007, McAloon livrera 8 versions acoustiques terrassantes de beauté de ces chansons qu’il avait publiées 22 ans plus tôt dans «Steve McQueen».

1990, Prefab McAloon sort son deuxième chef d’œuvre « Jordan: The Come Back », double album concept autour de Jesse James et Elvis Presley. L’album est extrêmement bien produit (par Thomas Dolby, responsable également de «Steve McQueen») et s’éloigne en grande partie de la pop pour aborder d’autres rivages : la comédie musicale de Broadway, la soul langoureuse… tout est beau, aérien. Les arrangements et l’interprétation flirtent à maintes reprises avec le grandiloquent voire le pompier mais échappent à chaque fois à la sortie de route pour au contraire flirter avec le divin («Doo Wop In Harlem» que n’aurait pas renié…Brian Wilson).

Paddy en 2013

Paddy en 2013

La suite est un déclin critique plus que réel, les albums «Andromeda Heights» en 1997, et même plus récemment «Crimson/Red» en 2013, restent de très haute tenue et feraient pleurer de jalousie bien des apprentis mélodistes.

Paddy McAloon souffre d’une affection de l’audition et de la vue qui lui rendent la vie très pénible. Il est obligé de rester chez lui à continuer d’écrire des chansons de haute tenue qu’il nous livre de temps en temps au travers d’albums dorénavant mal produits, quelquefois des maquettes plus que de vraies productions…

Reste que si vous voulez vraiment revoir votre opinion des très décriées années 80, faites un tour sur votre plateforme de streaming préférée et écoutez Prefab Sprout, vous saurez que oui, il y a aussi eu des génies à l’ère du triomphe de MTV.

Christophe Langris

Écouter l’album : Deezer – Spotify

 

Crédits photos : D.R.