Skip to content
Back to archive

Lauryn Hill, Nina Simone

Lauryn Hill & Nina Simone : amour et protestation

« Nina Revisited… A Tribute to Nina Simone » permet de retrouver la légendaire Lauryn Hill sur six titres qui capturent l’essence et toute la beauté du message de Miss Simone.

jeudi 09 juillet 2015
nina_revisited

Principalement produit par Robert Glasper, le célèbre pianiste Jazz qui en 2012 avait remporté le Grammy Award du meilleur album R&B avec son groupe The Experiment, « Nina Revisited » utilise un canevas assez similaire aux derniers opus du musicien (« Black Radio » et « Black Radio 2  » , sortis respectivement en 2012 et 2013) : des chansons intemporelles réarrangées avec respect pour une dream team mélant artistes confirmés et newbies prometteurs. « Nina Revisited » est donc une affaire d’experts qui connaissent bien leur affaire.

Mais cette fois-ci, Glasper retrouve à ses côtés une voix Soul comme le monde de la musique n’en croise que finalement trop peu ces temps-ci : Mrs Lauryn Hill, ex-Fugees et caution intègre du R&B des années 90. Après de trop longues années passées loin des studios et plusieurs comebacks envisagés et tentés, le destin de Hill est surtout celui d’une femme qui fait ses choix sans demi-mesure. Lauryn Hill ou la digne héritière des grandes de la Soul.

« Nina Revisited » propose de découvrir 6 nouvelles chansons interprétées par Lauryn, ce qui constitue sa plus sérieuse livraison de nouveaux enregistrements depuis son blockbuster de 1998, « The Miseducation of Lauryn Hill ». Sur « Wild is the Wind », elle donne vie à une histoire d’amour aussi douce que dénuée d’espoir. Sa voix tremble et s’envole sur « Ne Me Quitte Pas » : entre force et fêlures, elle hypnotise l’auditeur. « Feeling Good » respire l’hommage plein d’humilité servi par un Blues authentique. Lauryn a bien observé l’art de Nina et plonge dans les abysses de son répertoire pour en sortir une reprise aussi inattendue que sublime d’« African Mailman ».  « I’ve Got Life » tiré de l’album « ‘Nuff Said » et de la B.O de « Hair » alterne entre flow impeccable et refrains respectueux : là encore la reprise évite toute facilité. Le rythme résonne comme s’il surgissait d’un ghetto blaster oublié dans une rue déserte. Mais en fin de course, la filiation entre les deux femmes traverse le temps, et s’impose, plus évidente que jamais. Sur « Black Is the Color of My True Hair »,  Lauryn se lamente mais reste digne, consciente que l’amour qu’elle chante reste, une nouvelle fois, désespérément impossible.

Même si Robert Glasper saupoudre l’album de quelques tours de magie déjà utilisés sur « Black Radio » 1 et 2 (envolées de piano magiques et mélancoliques, associations de talents que Steely Dan ne renierait surement pas), Lauryn Hill s’impose comme l’ambassadrice logique de cette célébration de Nina Simone, cette artiste qui a aussi bien défendu l’amour que les combats sociaux.

Les autres titres permettent à Lisa Simone et sa mère de correspondre d’un bout à l’autre du tracklist. Lisa y va de sa déclaration d’amour (« My Mama Could Sing ») tandis que Nina conclut l’album sur un titre de 1967, « I Wish I Knew How It Would Feel to Be Free », qui laisse la porte ouverte à son message et à ses rêves pour l’éternité. Common & Lalah Hathaway mélangent leurs talents respectifs sur « We Are Young Gifted & Black », qui a tout d’un outtake premium de « Black Radio ». Gregory Porter ne fait qu’une bouchée de « Sinnerman » tandis qu’Usher se met sur son 31 et fait briller sa Soul la plus sincère sur le mythique « My Baby Just Cares For Me ». Mary J Blige, la reine du Hip Hop Soul qui n’a jamais oublié sa filiation avec Nina, Aretha et Ella, ne déçoit personne sur « Don’t Let Me Be Misunderstood ».  Jazmine Sullivan (« Baltimore »), et Grace (« Love Me Or Leave Me ») représentent brillamment la nouvelle génération et prouvent que le R&B des années 2010 a encore des émotions à revendre. Alice Smith, soutenue par deux guitares célestes, fige le temps et livre un « I Put A Spell On You » que FKA Twigs aimerait sans aucun doute ajouter à son répertoire.

« Nina Revisited » propose une nouvelle lecture des combats de Miss Simone, avec ce parfum d’intégrité qui reste toujours autant d’actualité. Un album à savourer avant ou après le visionnage du somptueux documentaire « What Happened, Miss Simone ? » réalisé par Liz Garbus et disponible depuis quelques jours sur Netflix.

Quant à Miss Hill, qui avait investi le Zénith le 13 septembre 2014 pour un unique concert en France, elle sera à nouveau visible sur scène le 14 juillet prochain au Festival de Jazz à Nice.

Richard Lecocq

Nina Revisited… A Tribute to Nina Simone

My Mama Could Sing (Intro) – Lisa Simone
Feeling Good – Ms. Lauryn Hill
I’ve Got Life (Version) – Ms. Lauryn Hill
Ne Me Quitte Pas – Ms. Lauryn Hill
Baltimore – Jazmine Sullivan
Love Me Or Leave Me – Grace
My Baby Just Cares For Me – Usher
Don’t Let Me Be Misunderstood – Mary J. Blige
Sinnerman – Gregory Porter
We Are Young Gifted & Black – Common & Lalah Hathaway
I Put A Spell On You – Alice Smith
I Want A Little Sugar In My Bowl – Lisa Simone
Black Is the Color of My True Love’s Hair – Ms. Lauryn Hill
Wild Is The Wind – Ms. Lauryn Hill
African Mailman (Instrumental) – Ms. Lauryn Hill
I Wish I Knew How It Would Feel to Be Free – Nina Simone