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Jeff Buckley

Les Reprises de l’album You And I

Sur « You and I », Jeff Buckley interprète des compositions originales et des reprises qui, enfin, se fraient un chemin vers le grand public. Découvrez les histoires derrière chaque chanson revisitée par l’auteur de Grace.

jeudi 10 mars 2016
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Just Like a Woman – Bob Dylan:
Contrairement à ce que beaucoup de féministes ont pu prétendre lors de la sortie de « Just Like a Woman », il faut voir dans ce titre de Dylan issu de l’album Blonde on Blonde (paru en 1966) bien plus qu’un texte à caractère misogyne. Dylan ironise ici sur la place de la femme dans la société, à l’aube du mouvement de libération féministe. Pour beaucoup, Robert Zimmerman s’adresserait dans sa chanson à la pin-up Edie Sedgwick, égérie d’Andy Warhol. D’ailleurs, cette dernière apparait en photo dans la pochette du 33 tours de l’album. Ce titre est l’un des plus joué de Dylan en concert.

La reprise de You And I commence par une longue intro caractéristique du style de Buckley où il laisse brièvement percer son amour des sonorités extrêmes orientales qu’il a entendues chez Nusrat Fateh Ali Khan, une de ses nombreuses influences. Ensuite la voix s’élève….et la magie opère à nouveau, une nouvelle fois Jeff Buckley s’approprie et magnifie une chanson comme il a pu le faire pour « Hallelujah » ou « Lilac Wine » sur Grace.

 

Everyday People – Sly and the Family Stone:
Thème récurrent dans les chansons de la Family Stone, ce titre sorti en 1968 porte haut l’étendard de l’égalité. Véritable message de solidarité, Sly Stone nous chante le « vivre ensemble » et fait remarquer à juste titre qu’au-delà de la couleur de peau ou de son origine sociale, nous sommes finalement tous semblables. « Everyday People » est le premier single du groupe qui atteindra le top des charts au classement Soul, ainsi qu’au mythique U.S Billboard Hot 100. Sans aucun doute l’un des plus connus du groupe, ce hit fut repris par les plus grands : Joan Jett, Aretha Franklin ou encore Pearl Jam, pour ne citer qu’eux.

Jeff Buckley s’essaie à un répertoire plus rythmique plutôt inhabituel pour lui, son jeu de guitare devient percussif, jouant sur les basses et conservant le groove originel du morceau malgré cette instrumentation minimaliste.

 

Don’t Let the Sun Catch You Cryin’ – Louis Jordan:
Ecrite en 1946 par Joe Greene, « Don’t Let the Sun Catch You Cryin’ » sera rendu célèbre par le grand Jazzman Louis Jordan, surnommé « roi du Juke Box ». Et pour cause, cette version deviendra N°3 au classement « Most-Played Juke Box Race Records », musiques « noires » populaires de l’époque les plus écoutées au Juke Box. Cette version de Louis Jordan a inspiré de très belles reprises, notamment celle de Ray Charles sur l’album « The Genius of Ray Charles », et celle Sir Paul McCartney sur l’album live « Tripping the Live Fantastic ».

L’esprit des sessions était de tester un maximum d’ambiances diverses, Buckley démontre encore une fois sa capacité à tout jouer et tout chanter avec ce morceau très jazzy laid back.

 

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Calling You – Jevetta Steele :
C’est Bob Telson, compositeur de « Calling you » qui offrira en 1987 ce magnifique titre à Jevetta Steele, chanteuse à la voix angélique, pour signer le titre phare de la bande originale du film Bagdad Café. Une version enregistrée par Bob Telson apparait également sur l’album du film. Durant la 61ème cérémonie des Oscars en 1989, « Calling You » est d’ailleurs nommée à l’Oscar de la meilleure chanson originale.

Les arrangements de la version originale étant très dépouillés, la version guitare voix de Jeff reste finalement très fidèle. Jeff trouve ici un terrain particulièrement propice à une démonstration de « feeling » vocal qui impressionne.

 

The Boy With The Thorn In His Side – The Smiths:
Extrait du troisième album studio des Smiths “The Queen is dead”, le titre sera propulsé au 23ème rang des charts britanniques à l’automne 1985. Refusant par le passé d’accompagner leurs musiques par des vidéos promotionnelles, ce single sera accompagné du premier clip du groupe. Selon Morrisey, « The Thorn » (l’épine) dénoncerait l’industrie musicale, et tous ces gens qui n’ont pas toujours cru en l’avenir du groupe.

Jeff Buckley, l’américain de Los Angeles et New York, montre une nouvelle fois sa largeur d‘esprit musical en reprenant The Smiths, groupe on ne peut plus « anglais ». Gageons que le succès immédiat qu’il connaitra en Europe (alors que les US n’eurent même pas le temps de découvrir son talent se son vivant) fut facilité par l’assimilation de cette pop européenne qu’il aimait et avait intégrée dans son ADN musicale.

 

Poor Boy Long Way From Home – Bukka White:
Récit d’un pauvre homme retenu loin de son foyer, ce blues d’origine inconnue est l’un des plus vieux standards traditionnels du genre. La version jouée en slide guitare par le bluesman Bukka White, spécialiste en la matière et cousin de B.B. King, trouve une résonnance très particulière grâce à l’utilisation du bottleneck. De nombreux artistes comme Barbecue Bob, Howlin’ Wolf ou encore Jeff Beck ont proposé leurs propres versions de ce classique.

Dobro et bottleneck, on n’avait évidemment jamais entendu Jeff Buckley dans le registre blues. Une fois de plus, il convainc tant par le jeu de guitare que par le feeling que dégage sa voix.

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Night Flight – Led Zeppelin :
Ecrit principalement par John Paul Jones, bassiste mythique de Led Zeppelin , « Night Shift » est issu de l’album « Physical Graffiti » sorti en 1975. Enregistré dès 1971 au Headley Studio, le titre devait à l’origine figurer sur l’album Led Zeppelin IV. Il fut finalement choisi pour compléter le sixième album studio du groupe. Le morceau est l’un des rares du répertoire de Led Zep ne comportant pas de solo de guitare, et n’ayant jamais été joué en live. D’après Robert Plant, « Night Shift » est l’histoire d’un jeune qui essaierait d’échapper à ses obligations militaires.

S’il est une influence que Buckley a toujours clamée haut et fort, c’est bien Led Zeppelin. On sent bien ici les heures passées par le jeune Buckley dans sa chambre à reprendre ses idoles. La version qu’il livre est quasiment funky tant il insuffle du groove dans son jeu de guitare.

 

I Know It’s Over – The Smiths:
Egalement issu de leur troisième album “The Queen is dead”, cette ballade est connue comme étant l’une des plus mélancoliques –et Morrissey s’y connait en mélancolie !- du répertoire des Smiths. Il s’agit dans cette chanson d’un homme sur le point de mourir, exprimant sa tristesse et sa solitude. Morrissey avouera plus tard que le titre fut enregistré un jour sombre et pluvieux, reflétant son état d’âme du moment. Pour Johnny Marr, guitariste du groupe, « I Know It’s Over » constitue un des meilleurs morceaux de l’album, notamment grâce aux performances vocales de Morrissey qu’il qualifiera de « brillantes ».

Cette reprise clôt You And I. Entendre Jeff Buckley accompagnée de sa guitare acoustique susurrer les paroles de Morrissey « why are you on your own tonight ? » est un des sommets de l’album car si la chanson est grande, la version de Buckley est un pur moment d’émotion.

Pierre Renaud & Christophe Langris

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Ecoutez « You and I »  sur Deezer ou Spotify.