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Multi-artistes

La discothèque idéale « Les Chanteurs »

15 chefs-d’œuvre incontournables et autant de moments clefs de l’histoire du jazz enregistré ! Après « Les chanteuses » place aux chanteurs ! Quelle pourrait bien être l’étendue du domaine réservé aux chanteurs de jazz ? Impossible de le déterminer avec certitude. Au gré de divisions et subdivisions prises ou non en considération, une quantité de territoires à géométrie …

lundi 18 novembre 2013
Jazz Vocal – La discothèque idéale « Les chanteurs »

15 chefs-d’œuvre incontournables et autant de moments clefs de l’histoire du jazz enregistré !

Après « Les chanteuses » place aux chanteurs !

Quelle pourrait bien être l’étendue du domaine réservé aux chanteurs de jazz ? Impossible de le déterminer avec certitude. Au gré de divisions et subdivisions prises ou non en considération, une quantité de territoires à géométrie variable a été dessinée selon des tracés aussi personnels qu’aléatoires.

C’est au-delà du mythe, à la réalité plurielle et toujours changeante de cette caste, très particulière, de musiciens que ce coffret rend hommage aujourd’hui. En quinze disques incontournables et autant d’artistes d’exception, cette sélection propose une traversée intime et singulière de l’histoire du jazz.

Elle met en valeur l’extraordinaire diversité d’expression de sa tradition vocale mais contribue également à rendre tangibles, au-delà de la profusion des styles, ces quelques traits esthétiques fondamentaux par quoi l’amateur ou le néophyte reconnaît immanquablement la présence d’un authentique chanteur de jazz.

TRACKLISTING

1. Louis Armstrong – Satch Plays Fats (+ 11 titres par rapport à l’édition 33t originale)
Le seul à faire l’objet d’un consensus universel, celui qui incarna – et incarne toujours – l’alpha et l’omega du jazz, rend ici un hommage flamboyant à un autre immense artiste un peu oublié : le pianiste et chanteur Fats Waller. Dans cet album enregistré en 1955, il reprend les plus belles compositions de ‘’Fats’’ qu’il grava déjà en 1929 et 1930 et qui figurent en bonus à la suite des 9 titres d’origine.

2. Cab Calloway – Hi De Ho Man
Consciemment excessif dans les rôles qu’il assumait sans complexe – chanteur, animateur, chef d’orchestre et accessoirement comédien (rappelez-vous son apparition dans les Blues Brothers) – Cab Calloway, autoproclamé empereur des  “ Hipsters ”,  dirigeait l’un des meilleurs grands orchestres de l’avant-guerre. Son  chant scatté parfaitement délirant n’était pas sans entrebâiller la porte aux audaces d’un Dizzy Gillespie d’ailleurs un ancien de la formation. Pour dire vrai, comment rester de glace à l’écoute de Jumpin Jive, Minnie The Moocher, Hi De Ho Man, The Honeydripper ? My Gal tout comme I’ll Be Around rappellent que son interprète ne dédaignait pas à l’occasion, “ faire le crooner”.

3. Johnny Mathis – Johnny Mathis
1956. Pouvait-on rêver mieux pour un débutant qu’être servi par une équipe d’arrangeurs composée de Gil Evans, Teo Macero, John Lewis, Bob Prince et Manny Albam ? Tous choisis pour participer au premier album de jazz de Johnny Mathis, tout juste âgé de vingt-et-un ans, sous-titré “A New Sound in Popular Music”. Un coup d’essai superbe resté sans postérité. Johnny Mathis choisira une carrière d’artiste de variétés à succès.

4. Bing Crosby – Bing With A Beat
Enregistré en 1957 en compagnie du Bob Scobey’s Frisco Band “Bing With A Beat” est un des plus beaux albums réellement jazz de Bing Crosby. Détendu, d’humeur légère, il dialogue avec la trompette de Bob Scobey à l’occasion de Dream a Little Dream of Me et scatte pendant Exactly Like You. Armstrong venant d’inscrire Mack The Knife à son répertoire, malicieusement Bing en donne sa propre version. Celle d’un crooner, une catégorie particulièrement honnie des puristes.

5. Harry Belafonte – Belafonte Sings The Blues
Acteur de vocation Harry Belafonte figurait en 1949 à l’affiche du Birdland de New York aux côtés de Charlie Parker, Lester Young, Stan Getz lors de l’ouverture du club. S’intéressant à tout ce qui relevait du folk song, il grava en 1958 un album consacré au blues. L’épaulaient pour l’occasion quelques pointures du jazz californien dont Milt Bernhart, Don Fagerquist, Jimmy Rowles, Plas Johnson et quelques autres.

6. Jimmy Rushing – Little Jimmy With The Big Brass (+ en bonus l’album  ‘’Rushing Lullabies”)
Jimmy Rushing avait été l’un des porte-étendard de l’orchestre de Count Basie. Dans “ Little Jimmy Rushing and the Big Brass” enregistré 1958 il démontre qu’il n’était pas qu’un blues shouter et se présente en compagnie d’un All Stars regroupant autour du pianiste Nat Pierce une pléiade d’anciens de la formation du Count. Sur des arrangements cousus main signés Jimmy Mundy, Nat Pierce et Buck Clayton, Jimmy Rushing swingue à tout rompre. En bonus l’album “ Rushing Lullabies ”, pour le quel, en 1959, il est accompagné par un sextette où Sir Charles Thompson tient l’orgue et Ray Bryant le piano.

7. Buddy Greco – Songs For Swinging Losers
“ Buddy peut faire swinguer n’importe quoi – personne ne l’approche dans ce domaine ”. Ce ne sont pas Something I Dreamed Last Night, By Myself ou I Got It Bad qui viendraient s’inscrire en faux vis-à-vis de l’opinion émise par un expert, Frank Sinatra lui-même. À l’instar de ce dernier, Buddy Greco sait marquer de sa griffe les standards les plus connus.. Et comment ne pas voir un clin d’œil adressé au “Songs For Swingin’ Lovers” de Sinatra  par le titre de l’album “Songs For Swinging Losers”.

8. Oscar Brown Jr. – Sin & Soul (+ 5 titres par rapport à l’édition 33t originale)
Le chanteur Oscar Brown Jr. Disait “ Mon but est de délivrer des messages avec swing et de divertir en faisant réfléchir ”. Poète, compositeur, chanteur, activiste politique il grava en 1960, à trente-trois ans, “ Sin & Soul ”. Son premier disque. Y figuraient des classiques du jazz mis en vers – Work Song, Watermelon Man, Dat Dere, Afro Blue –,Straighten Up And Fly Right qui avait lancé le trio King Cole ainsi que bon nombre d’originaux. Pour traiter des problèmes rencontrés par les Afro-Américains, Oscar Brown Jr. faisait feu de tout bois ; littérairement et musicalement. Signifyn’ Monkey relève de la fable, Bid’ Em In évoquant les mises aux enchères d’esclaves, préfigure le rap, Hazel’s Hips fait appel au R’N’B’ et Forbidden Fruit prend des allures de gospel.

9. Joe Williams – Jump For Joy
Autre grand chanteur issu de l’orchestre de Count Basie, Joe Williams troque ici son image de blues shouter contre celle d’un  crooner et d’un authentique chanteur de jazz. Dans “ Jump for Joy ” (1963) il a comme arrangeurs, Oliver Nelson et Jimmy Jones. Deux compositions de Duke Ellington, Jump for Joy et Just A-Sittin’ and A-Rockin’ illuminées par Clark Terry voisinent avec l’inoxydable Wrap Your Troubles in Dream et un trio de chansons – The Perfect Song, My Last Affair et She Doesn’t Know –, détaillées par Joe Williams et sa voix de baryton.

10. Mel Torme – That’s All (+ 12 titres par rapport à l’édition 33t originale)
Enregistré par Mel Tormé “ That’s All ” est un album dans la lignée de “ The Voice”. En 1964, celui qui avait été surnommé  the Velvet Fog (le brouillard de velours) atteignait cette maturité qui autorise une certaine distanciation. La passion sera toujours du côté de Sinatra, la perfection formelle souvent du côté de Tormé ainsi qu’en témoignent The Nearness Of You, une petite merveille signée Hoagy Carmichael ou, à l’opposé, Haven’t We Met, chanson d’une rare banalité que Tormé transfigure. Pour sa part You’d Better Love Me fait découvrir quel swingman subtil et raffiné il pouvait être.

11. Mose Allison – V-8 Ford Blues (+ 5 titres par rapport à l’édition 33t originale)
Vocalement marqué par le blues du Delta, pianiste qui fut l’interlocuteur de Stan Getz, de Gerry Mulligan, d’Al Cohn et Zoot Sims, Mose Allison reste inclassable. “ Je joue la musique que j’aime ”. Dans  “ V-8 Ford Blues ” en compagnie de ses compositions – Ask Me Nice, Back On the Corner, High Jinks qui n’est pas sans évoquer Thelonious Monk – , se bousculent Please Don’t Talk About Me un standard, Hey Good Looking dûàHank Williams le génie de la country music, I Love the Life I Live signé Willie Dixon, Life Is Suicide de Percy Mayfield et quelques autres. De cet ensemble hétéroclite, Mose Allison fait… du Mose Allison. Ce qui ne manqua pas d’enthousiasmer la génération suivante. Les Rolling Stones le présentèrent en première partie de leurs concerts et le leader des Who, Pete Townshend, Tom Waits, Elvis Costello, Van Morrisson n’eurent de cesse de célébrer ses vertus.

12. Jon Hendricks – Tell Me The Truth
Considéré comme le père – et le génie – du vocalese, Jon Hendricks qui reproduisait des solos instrumentaux célèbres en usant de paroles, avait constitué avec Dave Lambert et Annie Ross un trio vocal devenu célèbre. Il signe en 1975 “ Tell Me The Truth” où on découvre une belle adaptation du Naima de Coltrane et une transposition du Blues for Pablo de Gil Evans ; la plus réussie de l’album avec celle du Flat Foot Floogie de 1945. Les Pointers Sisters y remplacent le piano de Dodo Marmarosa, Jon Hendricks s’arroge la partie de Parker alors que sa femme Judith se substitue à Dizzy Gillespie. À l’occasion de la reprise du Old Folks enregistrée à l’origine par Charlie Parker sous la double houlette de Dave Lambert et Gil Evans, Ben Sidran tient le piano.

13. Ben Sidran – Free In America
Diplômé en philosophie et musicologie, pianiste, compositeur, chanteur, homme de radio et écrivain, Ben Sidran, pour mieux faire passer son message, utilisa dans “ Free in America ” (1976) le jazz rock alors à la mode… Chœurs féminins, orgue, guitares saturées, présence des frères Brecker, de Woody Shaw auteur du solo de trompette sur New York State of Mind, de David  Fathead Newman. Rien ne manque. Bien que ses textes n’aient pas la prétention de donner des leçons, Ben Sidran n’entendait pas chanter pour passer le temps. Dans Free America, il réclame avec une véhémence non dépourvue d’humour un grand nombre de libertés qui, d’ailleurs, lui ont été en partie accordées depuis.

14. Gil Scott-Heron – Reflections
Après avoir pratiqué pour son premier disque la « déclamation scandée » (le rap avant la lettre), Gil Scott-Heron s’est fait chanteur à part entière, mettant la soul music au services de textes poétiques et politiques qui dénoncent la violence répressive de la société américaine contre la communauté américaine. Dans ‘’Reflections’’ il s’autorise aussi à saluer avec Is That Jazz ? les figures de proue de cette musique ; de Count Basie à Bird en passant par Lester Young, Miles Davis et Billie Holiday.

15. John Pizzarelli – Naturally
Vocaliste revendiquant l’influence de Nat King Cole, guitariste élevé dans le sérail, compositeur, John Pizzarelli avait déjà derrière lui une carrière conséquente et un nombre respectable d’albums lorsqu’il grava “ Naturally ” (1993). Il y rafraîchissait à sa façon quelques classiques inusables comme I’m Confessin’, Lady Be Good ou I Cried for You agrémenté d’un beau solo de Clark Terry, chantait à l’unisson de sa guitare et servait au mieux ses propres compositions, Seven on Charlie, Naturally. À l’image du Slappin’ The Cakes on Me de Dave Frishberg, son Headed Out To Vera’s témoignait d’un sens de l’humour et d’un talent de conteur rares de nos jours. John Pizzarelli choisit aussi d’interpréter en français les paroles écrites par Jacques Larue sur Nuages de Django Reinhart. Ici Bucky Pizzarelli, père de John, remarquable musicien partenaire d’élection de Zoot Sims, l’accompagnent. Superbement.