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Colin Blunstone

Un parfum de Génie

La jolie Keira Knightley déploie les grands moyens quand il s’agit de séduire le matamore costumé qui vient d’arriver à cette soirée parisienne où visiblement elle s’ennuie.

jeudi 11 juin 2015
oneyearcover

Nous sommes dans le spot « Coco Mademoiselle », la musique très swinging London avec son orgue Hammond proéminent est « She’s Not There » du mal nommé groupe anglais « The Zombies » (on est loin des Cramps ou de Screaming Jay Hawkins). La voix gracile et souple de Colin Blunstone susurre pendant que Keira parachève son envoutement par le truchement de quelques gouttes du précieux élixir qu’elle dépose d’un doigt assuré à la naissance de son cou.

Fin 70, Colin Blunstone finit par sortir de son état de Zombie pour se lancer en solo 5 ans après « She’s Not There », le seul réel tube de la formation exhumé par le bon goût de la marque au double C.

La gestation et l’enregistrement de son premier album lui prend un an, il l’intitulera « One Year ».

Paru en novembre 1971 sur Epic Records, « One Year » est un de ces rares albums quasi impossible à dater si on l’écoute en « blind test ».

Contemporain de Blunstone, Nick Drake, lui aussi creusera, sans le vouloir sans doute, le même sillon artistique détaché de la hype et volontairement à coté de ses pompes (voir la pochette de Bryter Layter). Drake connaitra une fin tragique et mystérieuse qui finira de nimber ses quelques albums du parfum qui donne à la musique sa meilleure armure pour traverser le temps sans paraitre prendre de ride : le « génie maudit » plus connu dans le monde du rock sous le nom de « beautiful loser ».

nickdrake

Bluntone n’a pas la chance de cette malchance, il est même toujours vivant, c’est dire…. Au final « One Year » remporte un petit succès critique, « vendouille » mais ne marque pas son temps. Il faut dire que l’artiste ne se plie pas vraiment à l’exercice de la « promo » qu’il déteste, sans doute freiné par un caractère assez introverti.

Pas vraiment rock mais pas vraiment pop non plus…, orné d’enluminures de quintette à cordes (« Smokey Day », « I Can’t Live Without You », « Say You Don’t Mind »), d’arrangements de harpe (« Though You Are Far Away ») de batteries reverbérées soutenant d’élégants chorus de guitare électrique (sur « She Loves The Way They Love Her », seul morceau « rock » de l’album), de nostalgiques guitares à cordes nylon teintées de sonorités brésiliennes (« Misty Roses », reprise de Tim Hardin), de magnifiques ballades avec cordes et cors anglais (superbe « Caroline Goodbye »), « One Year » est un curieux et magnifique objet discographique, totalement hors du temps dont la force réside dans la fragilité des compositions, la préciosité des arrangements et bien sûr dans l’élégante voix haut perchée de Colin.

Il faut noter que toutes les chansons ne sont pas de Blunstone, quelques-unes dont la magnifique « Her Song » étant composées par ses anciens acolytes des Zombies, R.Argent et C. White.

Suivront deux autres albums solos de C. Blunstone, plus perméables aux sons de leur époque et donc soumis aux assauts du temps, et qui ne connaitront pas non plus de reconnaissance ni commerciale ni artistique en leur temps.

« Intemporel » est vraiment le qualificatif qui sied le mieux à ce génial premier album que je vous invite à découvrir en cliquant sur le lien ci-dessous.

Christophe Langris

Crédits photos : D.R.
Site officiel : ColinBlunstone.co.uk

Écouter l’album : DeezerSpotify