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Tony Bennett

Le crooner sans âge

Que les choses soient claires : il est impossible de faire l’impasse sur Tony Bennett. A l’heure obligatoire du bilan (Tony Bennett est né en 1926 à New York), force est de constater que le Monsieur peut s’enorgueillir d’une carrière sans faille depuis ses débuts, à l’orée des années 50… Crooner savoureux, chanteur de swing à …

lundi 12 décembre 2011
tonybennett

Que les choses soient claires : il est impossible de faire l’impasse sur Tony Bennett. A l’heure obligatoire du bilan (Tony Bennett est né en 1926 à New York), force est de constater que le Monsieur peut s’enorgueillir d’une carrière sans faille depuis ses débuts, à l’orée des années 50… Crooner savoureux, chanteur de swing à l’allure de dandy, Tony Bennett (Anthony Dominick Benedetto à l’état civil) vit avec son temps depuis qu’il chante dans un micro. C’est peut-être là, l’apanage des grands : savoir fédérer un public qui correspond au contexte socio-culturel de l’époque. De ses premiers succès, avec le romantique « Because Of You » (1951) et la reprise d’Hank Williams, « Cold Cold Heart » jusqu’à ses duos avec des pointures de la nouvelle scène jazz-pop, Norah Jones ou encore Amy Winehouse, Tony Bennett n’a jamais faibli durant six décennies. Si le crooner new yorkais d’origine italienne a parfois évolué dans l’ombre du mastodonte Frank Sinatra, il s’est aussi toujours fait une place au soleil.

Son charisme, son timbre d’une élégance à faire pâlir les apprentis crooner du tout-New York , ont fait de Tony Bennett une voix majeure du vingtième siècle, défiant même les lois impitoyables du temps qui file, en s’imposant dans les charts au 21ème siècle, avec ses albums Duets: An American Classic en 2006 et Duets II en 2011, deux disques qui font rajeunir le crooner, accompagnés des plus grands noms de la pop actuelle.

 

Le crooner sans âgeLe chanteur transforme donc ses années 50 en rêve éveillé, et débute les années 60 avec un acte démontrant son ouverture d’esprit totalement décomplexée, celle d’un homme pour qui seule la musique compte. Tony Bennett est en effet le premier homme blanc à jouer avec l’orchestre jazz noir de Count Basie en 1960, sur le disque Basie Swings, Bennett Sings, faisant ainsi un pied de nez aux frilosités raciales qui règnent alors aux Etats-Unis. Artiste libre, chanteur prolifique, Tony Bennett traverse les années 60 en empochant quelques Grammy Awards, distillant ses pépites entre swing, ambiance jazzy et « crooning » plus classique.

La ballade « I Left My Heart in San Francisco » en 1962 restera plus de neuf mois dans les charts, rejoignant ainsi les grands classiques de la chanson américaine. Puis la nature protéiforme de l’artiste le pousse à lorgner du côté pop, avec, toujours, ce regard aiguisé sur l’air du temps, cette intuition artistique et sociétale qui lui permet de coller aux appétences du public. Tony Sings the Great Hits of Today! en 1970 adopte donc des allures plus poppy, presque rock. Et le succès est une fois de plus au rendez-vous. Puis « Who Can I Turn To (When Nobody Needs Me) » et « If I Ruled the World » empruntent cette fois à des comédies musicales, et sont de gros succès pour le crooner, qui parvient, comme toujours, à populariser le confidentiel, à “démocratiser” ce qui n’était auparavant réservé qu’à une certaine élite culturelle…

Le crooner sans âge

C’est cette propension à transformer en or tout ce qu’il touche qui fait de Tony Bennett un artiste hors-normes et intemporel. Aujourd’hui, dans la musique populaire américaine, peu d’artistes –tous genres confondus- peuvent se targuer d’être parvenus à rendre « mainstream » plusieurs styles bien définis (le « crooning », le jazz, le swing, la pop) en une émulation, une habile fusion, pour finalement revenir à l’essence de ce qu’est la musique : un plaisir qui doit être partagé par le plus grand nombre.

Et les artistes plus contemporains, de Céline Dion à Lady Gaga en passant par Sheryl Crow, Sting, Elvis Costello (qui avait accompagné Tony Bennett pour son MTV Unplugged en 1994, avec kd. Lang), Josh Groban ou encore Mariah Carey et Norah Jones ne s’y sont pas trompés : faire un duo avec Tony Bennett est devenu une étape incontournable dans la carrière d’un artiste récemment confirmé. C’est la raison pour laquelle les deux albums Duets: An American Classic en 2006 et Duets II en 2011 firent grand bruit. Ces deux albums, aubaine pour une jeunesse peu aguerrie au son de Tony Bennett, confèrent à l’artiste une fraîcheur éternelle, du haut de ses 85 ans…

De rééditions en compilations de ses plus grands titres, Tony Bennett voit son œuvre inlassablement rééditée, en version remasterisée ou pas, mobilisant à chaque fois son public d’aficionados, mais aussi les néophytes du genre, dont l’oreille neuve donne un nouvel éclairage à sa carrière.

Alors que reste-t-il de Tony Bennett en 2012 ? La réponse est simple et lapidaire : tout, et bien plus encore. En attestent les nombreuses rééditions et compilations prévues, le succès engendré par la parution de Duets II, et notamment ce fameux duo, « Body And Soul », avec la regrettée Amy Winehouse. Sublime et drôle de rencontre entre ces deux artistes, l’ainé ayant survécu à la cadette, décédée tragiquement en juillet 2011. Aux côtés de Tony Bennett, la chanteuse soul anglaise trouve une énième manière de rester vivante. C’est aussi là, la force de Tony Bennett, défier le temps en l’abreuvant de sa voix, de son swing et de son intarissable joie de vivre.

Le crooner sans âge