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Paul Simon

Paul Simon, le « Songwriter »

Autour du trône de « meilleur » auteur-compositeur nord-américain de musique populaire pour les années 1960-2010, soit un demi-siècle d’une extraordinaire profusion créative, il y a foule : de Dylan à Joni Mitchell, en passant par Stevie Wonder, Neil Young, James Taylor, Marvin Gaye, Randy Newman, John Fogerty…Eternel «oublié» au titre d’éligible ? PAUL SIMON! …

jeudi 17 novembre 2011
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Autour du trône de « meilleur » auteur-compositeur nord-américain de musique populaire pour les années 1960-2010, soit un demi-siècle d’une extraordinaire profusion créative, il y a foule : de Dylan à Joni Mitchell, en passant par Stevie Wonder, Neil Young, James Taylor, Marvin Gaye, Randy Newman, John Fogerty…Eternel «oublié» au titre d’éligible ? PAUL SIMON! Pas parce qu’il est mal connu : au contraire, parce qu’il l’est trop, mais en effet, pas très bien ! Au cause de ce duo qu’il forma (et reforme de temps en temps, par affection ou fidélité ou faiblesse… ou les trois à la fois ?..) avec un escogriffe aussi longiligne qu’il est lui-même court sur pattes, Art Garfunkel : de 64 à 70, le succès de Simon And Garfunkel fut tel aux USA et à travers la planète (presque) entière qu’il fit parfois pâlir celui des Fab Four.

Mais si les Beatles avaient deux auteurs compositeurs de génie et un troisième de grand talent brimé, S&G, eux, s’en gardaient modestement 3 en 1 : le petit PAUL, le gauche, timide et industrieux SIMON ! Aussi ne manque-t’il pas, à chaque compilation, de le rappeler à ceux, hélas fort nombreux, qui ignorent tout ou partie de sa pourtant très remarquable carrière solo : 11 albums studio plus 2 live, ce qui n’est pas énorme sur 40 ans en termes de quantité, mais s’avère aujourd’hui éblouissant en termes de constance dans l’intérêt artistique et la qualité de l’œuvre accomplie. Certes, au regard des 35 montagnes révérées de Dylan ou des 40 volcans adorés de Young, les travaux ciselés par SIMON font apparemment pâle figure; Mais regardons-y de plus près, après une décennie avec S&G sans autre tâche que celle d’une certaine forme de perfection dans l’innocence célébrée (« Sound Of Silence », « Mrs Robinson »…) avant d’être regrettée (« Bridge Over Troubled Water », l’intouchable « The Boxer »…), en voici quatre moins spectaculairement triomphales, mais ô combien surprenantes d’audaces dans les ponts tendus, les prodigieuses aventures tentées !

Paul Simon, le « Songwriter »

Sur les quatre albums remasterisés et augmentés qui paraissent aujourd’hui (les quatre premiers, couvrant la période 1971-1976, sont parus au printemps 2011), les deux premiers sont des ponts, les deux suivant des aventures : « ONE TRICK PONY » (1980), à l’origine une simple B.O., prend les choses où elles se tricotaient au point de croix au sortir de « STILL CRAZY AFTER ALL THESE YEARS » (en 75) pour mieux les dégager de leur gangue idéale et les plonger dans un bain d’imperceptible bizarrerie – un peu comme, à l’epoque, son ami Woody Allen glissait des comédies nickelées à la mélancolie de Manhattan (re-goûter sans modération au tube « Late In The Evening » et au semi-inédit « Stranded In A Limousine ») ; « HEARTS AND BONES » (1983), c’est presque l’exercice « européen » d’un archétypal americain, ou plus exactement d’un new-yorkais qui n’a jamais cessé d’avoir un pied sur la 42ème rue, et un autre plus baladeur, prompt à se la jouer Chaplin à Londres ou Henry Miller entre Gand et Paris, d’où ces exquises vignettes tellement subtiles qu’elles égareront un temps le vaste public de PAUL (le morceau titre, et surtout l’incroyable « René And Georgette Magritte With Their Dog After The War », un titre de tableau par un surréaliste belge, non ?..) ; de « GRACELAND » (1986), on sait tout : la folle idée d’écrire sur certains drames enfouis sous les lourds vernis de l’Empire en leur imprimant les destabilisantes polyrithmies sud-africaines (et ce à contre temps médiatico-bien pensant, en pleine décrépitude de l’apartheid…), le pur joyau tant intemporel qu’universel qu’est la chanson-somme « Graceland », la sorte d’extase impressionniste à laquelle parvient cet artisan si contrôlé, tant excellent…on saura donc que tout cela perdure avec…grâce ?.. ; enfin « THE RHYTHM OF THE SAINTS » (1990), qui plaque peut-être un peu trop fort le modèle de son prédécesseur sur le corps un poil moins sanguin et musclé de cette brassée de chansons juste très, très bonnes ; même trempées, cette fois-ci, dans un bain de sensualité pétaradante à la brésilienne, on dirait qu’elles restent sur le bord de la plage de Rio, et qu’à part sur « Spirit Voices » ou « Cool, Cool Water », le Carnaval passera près d’elles sans les emporter…mais comme ça sonne, comme ça donne et sait partager en même temps que briller ! ..

Depuis, quatre autres grands albums ont vu le jour, dont l’impressionnant petit dernier de l’année, « SO BEAUTIFUL OR SO WHAT ». SIMON en a tiré trois extraits, qui viennent s’ajouter à tous ceux sus-cités et à une douzaine d’autres, tous inoubliables et organiques participants d’une Ronde magique dont l’unique cœur battant n’est nulle part, trop bien dissimulé, et la féérie des visages partout autour, et ce pour un bon bout de siècles encore…
(Quatre albums remastérisés et boostés chacun par trois à quatre inédits, + une double compilation assemblée de la main même de PAUL « Plus Parfaitement Honnête et Brillamment Méticuleux Que Lui, Tu Meurs ! » SIMON, au nom sans plus d’artifice que de fausse modestie : « SONGWRITER »…)

Paul Simon, le « Songwriter »