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System Of A Down

« Mezmerize » / « Hypnotize »

Nombreux sont les artistes et formations s’essayant à un moment dans leur carrière au difficile exercice du concept album, qui bien que périlleux, donne naissance à de vrais classiques s’il est correctement exécuté.

jeudi 16 juillet 2015
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Depuis les Beatles et leur « Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band » au « Tommy » des Who, ou plus récemment encore Green Day et leur opéra punk « American Idiot » (transposé à Broadway quelques années après sa sortie), les albums concepts ont tous pour moteur le souhait (avoué ou non) des musiciens de redonner un nouvel élan à leur carrière en leur permettant d’explorer de nouveaux territoires musicaux et lyriques.

Les quatre californiens de System of a Down, eux, ont décidé il y a tout juste dix ans de pousser le concept encore un peu plus loin en composant non un mais deux disques liés l’un à l’autre. Peu après l’agonie de la vague Nu-Metal, le diptyque « Mezmerize » / « Hypnotize » a redonné un second souffle au metal alternatif et aura marqué toute une génération de fans de Metal en repoussant considérablement les frontières du genre.

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La première partie du concept album sort donc en mai 2005 chez Columbia, soit trois longues années après « Steal This Album! » qui regroupait les fonds de tiroirs du groupe après l’enregistrement de « Toxicity ». « Hypnotize », la seconde partie, sortira elle six mois plus tard, la manœuvre étant de laisser le temps aux fans avides de nouveautés de digérer comme il se doit les 11 pistes de « Mezmerize » avant de goûter aux 12 titres d’ »Hypnotize ». Enregistrées au même endroit et au même moment, les deux parties se répondent et se complètent d’abord par leurs titres, mais aussi par leurs artworks (réalisés par le père du guitariste Daron Malakian) et jusque dans leurs packagings qu’il est possible de rassembler pour ne former qu’un seul digipack double CD.

Au niveau du contenu, ces deux galettes copieuses offrent avant tout les ingrédients qui ont fait la marque de fabrique de Serj, Daron, Shavo et John. Des riffs ravageurs, une batterie dévastatrice et des voix puissantes se faisant porte-paroles des grandes causes soutenues par le groupe : le pacifisme, le rejet de la mondialisation, du capitalisme et de l’hégémonie américaine. Mais System of a Down s’attache à y inclure de nouvelles saveurs : les titres comme le premier single « B.Y.O.B » (accronyme pour « Bring Your Own Booze » – ramenez vos propres bouteilles) s’inscrit par exemple dans la droite lignée des œuvres tout ce qu’il y a de plus « SOADesque », tout en présentant ces nouvelles caractéristiques.

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System alterne ainsi des chansons brûlant par leur urgence (« Cigaro », « This Cocaine Makes Me Feel Like I’m On This Song »), les titres plus lents et lourds (« Holy Mountains », « Lost In Hollywood »), voire le mélange des deux (« Question », « Sad Statue ») et propose par la même occasion une musique rafraichissante à ses fans. Suivant le même schéma, le chant aigu et incisif de Daron Malakian se fait plus présent et répond à merveille à la voix grave et posée de Serj Tankian. Les influences d’Europe de l’Est et d’Arménie (où chacun des membres de la formation puise ses racines) se font également plus ressentir, le groupe laissant une nouvelle fois une place de choix aux sonorités orientales sur de nombreux titres, comme en témoigne le jovial « Radio/Video ». En plus d’incorporer des éléments funk, ska, punk hardcore, rockabilly électronique et jazz tout au long des deux albums, SOAD s’essaye même à la ballade avec « Lonely Day », dernier single en date du groupe, dont le succès aura été retentissant.

Du côté des paroles, la face plus déjantée de System of a Down, avec ses lignes cultes comme « Banana banana banana banana terracota banana teracota teracota pie » (« Viscinity of Obscenity ») côtoie toujours le côté sérieux et l’engagement politique des quatre américano-arméniens. Dans l’ensemble, « Mezmerize » et « Hypnotize » donnent la part belle à la révolte qui reste le fil conducteur de l’ensemble de l’œuvre du quartet.

Un sentiment de révolte partagé par des millions de fans à en croire les ventes d’ »Hypnotize » comme « Mezmerize », qui chacun seront certifiés disques de platine seulement quelques mois après leur sortie. Dix ans plus tard, System of a Down a encore largement de quoi se révolter, et peut-être offrir un successeur à ses deux classiques qui restent à ce jour les derniers enregistrements du groupe.

Brian Roussel

Écouter les albums :
« Mezmerize » Deezer – Spotify
« Hypnotize » Deezer – Spotify

Crédits photos : Sony Music / D.R.
Site officiel : SystemOfADown.com