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Dennis Wilson

L’outsider

« – Dans la famille Wilson je voudrais le frère maudit ! »
« – Pioche ! » (….ou plutôt « plonge »).

vendredi 03 juillet 2015
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Dans l’histoire de la musique, de nombreuses fratries ont défrayé la chronique : les Gibb (Bee Gees), les Vaughan (Blues électrique inspiré et Texan), les Ramones (oui, mais eux étaient de faux frères, leur patrimoine génétique n’avait rien de commun), les Everly du groupe du même nom, les Followill des Kings Of Leon, les Gallagher d’Oasis plus récemment… et les Wilson, fondateurs des Beach Boys.

Des trois frères Wilson, dans l’ordre, Brian, Dennis et Carl, c’est le deuxième qui nous intéresse ici.

Dennis fut imposé à Brian par la volonté de maman Wilson alors que ses qualités de musiciens laissaient clairement à désirer au début de l’aventure Beach Boys. Batteur limité mais gueule d’attrape-gonzesse et seul véritable surfer du lot, Dennis s’accroche à ses futs et parvient même au fil du temps à prendre le lead vocal sur certain titres. Il travaille, s’améliore, apprend la guitare, le piano, et parvient même à placer quelques compositions dans les 70’s alors que Brian prend un peu de distance et connait de plus en plus de problèmes d’équilibre psychologique dus en partie à l’abus de substances illicites en tous genres.

Episode scrabreux qui marqua profondément Dennis, il croise en 68 la route de Charles Manson avec sa triste family et fréquente quelques temps le tueur en devenir toujours emprisonné aujourd’hui.

Le retrait de Brian, pousse Dennis à s’impliquer de plus en plus dans le processus créatif des Beach Boys dans les 70’s. Mike Love, cousin des Wilson et membre du groupe, et Dennis rentrent régulièrement en conflit. En effet, en plus de lui faire de l’ombre, Dennis se produit souvent dans un état d’ébriété avancé. Mis à l’écart par Carl et Mike Love dès le milieu des 70’s, Dennis malgré une vie personnelle très compliquée (il s’est marié 5 fois et a toujours continué à avoir une vie sexuelle… assez libre de toute contrainte maritale), se mobilise sur son projet personnel : « Pacific Ocean Blue ».

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L’album sort en 1977. Autant le dire tout de suite, il prend tout le monde de cours par sa qualité. Certes, on est loin des compositions extraterrestres de Brian mais Dennis signe des titres de haute volée (« River Song » et « Rainbow » avec leurs chœurs encore sous influence Beach Boys, « Moonshine », ou surtout « Time », ballades crève-cœur composées au piano que ne renierait pas aujourd’hui un Tobias Jesso Jr, ou encore « You and I » au style « West Coast » crépusculaire avec fêlure intégrée, « Farewell My Friends », chanson prémonitoire quant à la fin de son auteur…).

L’album est encore aujourd’hui considéré par la presse rock comme le meilleur album d’un Beach Boy en solo, y compris ceux de Brian. Son statut d’album culte est évidemment renforcé par la fin tragique et prématurée de Dennis en 1983 à 39 ans seulement.

Après avoir été finalement viré du groupe par Carl et Mike Love excédés par le comportement incontrôlable de Dennis perpétuellement sous l’emprise de détonants cocktails cocaïne-alcool, le beau batteur surfer finit en effet par se noyer dans ce Pacifique qu’il aimait tant et dont il avait donné le nom au seul album solo qu’il publia.  Un album posthume « Bambu » jamais complètement terminé a été couplé à l’édition de Pacific Ocean Blue que Legacy eut l’honneur de sortir en 2008.

Découvrez ou redécouvrez, que vous soyez fan des Beach Boys ou non, ce très bel album d’un artiste doué, attachant, trop tôt disparu et injustement éclipsé par l’aura de son génial grand frère.

Christophe Langris

Écouter l’album : Deezer – Spotify

 

Crédits photos : D.R.