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Rory Gallagher

Notes From San Francisco

( 2xCD : 12 titres enregistrés en studio, au studio His Master’s Wheels, en 1977 ; 12 titres « Live at the Old Waldorf », en 1979 )

mardi 28 juin 2011
Notes_From_San_Francisco

Un jour, un innocent plumitif posa sa question qui tue à Jimi Hendrix : «  Alors, ça fait quoi d’être le meilleur guitariste de la planète, hein, Jimi ?… »

Sans hésiter ni sourciller, la facétieux Martien répondit aussi sec : « J’en sais rien, moi : demandez à Rory Gallagher !.. » Avec Rory, qui fut un moment courtisé par les Stones pour succéder à Mick Taylor vers 1974-75 ( et ne succomba pas…), on évoluait à ce niveau, jamais moins! Taylor venait de cette école de guitaristes anglais baignés dans le blues urbain américain : Clapton le premier de la classe, Page l’ambitieux planificateur, Beck le surdoué sans style fixe. Ils ont régné sur les Sixties et griffé les Seventies. Rory l’Irlandais appartenait plutôt à la galaxie des Grands Possédés : celle d’Hendrix, justement, de Mike Bloomfield, de Lowell George ou de Neil Young : ceux-là dominent encore le paysage musical parce du blues originel, ils possédaient l’essence, ce concentré de vision, de feu sacré et de don de soi qu’on appelle poésie. Une poésie sauvage, dévorante, qui les mena tous, sauf Neil, fort comme un séquoia, à une disparition précoce. Celle de Rory Gallagher le surprit en 1995, après une quinzaine d’albums studio vrombissants et un quarteron de « live » terrifiants ( « IRISH TOUR 74 », ou l’unique témoignage d’un enfant de Cork capable de faire taire toutes les querelles du Sud et les armes du Nord le temps d’une razzia en   Terre Gaélique ; n’oublions pas que sous ses airs bonhomme, ce Gallagher-là était si soucieux de bien faire que sa sueur se chargeait de molécules corrosives, celles-là même qui décapaient, soir après soir, ses fameuses Strato souffrantes…)

Situées entre « CALLING CARD » ( 76 ) et « TOP PRIORITY » ( 78 ), les sessions improvisées à San Francisco confrontent le quatuor rodé depuis trois ans, et qui s’épanouit sur le premier, aux compositions esquissées en vue du second : lyrisme agressif, palette de couleurs ultra vives, cavalcades échevelées, torrides ballades, blues à cœur et qui colle à la peau, comme si Master Rory défiait la vague punk – qui ne se frottera d’ailleurs ni à lui, ni à Thin Lizzy, bien au contraire ! Pourquoi a-t’il, ensuite, tout effacé pour tout recommencer en trio encore vert ? Mystère…Toujours est-il, en revanche, que ce trio fait méchamment mouche sur scène, deux ans plus tard et dans la même ville propice, cherchant l’union rêvée à travers le chaos frénétique d’un set genre «  mise à nu sur fond de scies circulaires » pas très éloigné du « LIVE RUST » de Young et son Crazy Horse à la même époque, ou de ce que donnaient les Jam de Paul Weller se déchirant à belles dents en public !…

Moyennant quoi, ne cherchez pas plus loin l’album qui vous ramène le meilleur de Rory Gallagher tout à la fois au sel de sa vie et au top de son art : toutes guitares au vent, à gorges brûlantes … et toujours sans faux-col !