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Bob Dylan

70 ANS (dont 50 de génie « éparpillé façon puzzle ») : Comment reconstituer un Portrait perso pertinent – ou impertinent ! – et par où commencer, en kit et selon son budget…

Avec les Beatles, il reste l’une des deux divinités majeures des mythiques sixties – ou l’une de leurs deux vaches sacrées. Sauf que les Beatles étaient quatre en un et se sont auto-dissous dès 1970, tandis que lui – c’est sa gloire et son drame -, était seul à la barre de son multicoque et …

mercredi 08 juin 2011
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Avec les Beatles, il reste l’une des deux divinités majeures des mythiques sixties – ou l’une de leurs deux vaches sacrées. Sauf que les Beatles étaient quatre en un et se sont auto-dissous dès 1970, tandis que lui – c’est sa gloire et son drame -, était seul à la barre de son multicoque et navigue encore. Leurs 12 albums et quelques compilations se sont répandus à plus d’un milliard d’exemplaires ; il en a produit 5 fois plus et vendu 20 fois moins, mais qui, aujourd’hui, compte le plus dans l’air du temps, pèse le plus en termes d’influence et d’effet d’entraînement? Les Beatles chassaient la beauté en meute et la recréaient sous forme de pop parfaite ; Dylan est l’anti-baladin, le troubadour insaisissable, tout à la fois le Shakespeare du folk, le Picasso du rock et le Woody Allen de la chanson populaire américaine. On pleure John Lennon, Marvin Gaye et Kurt Cobain, on aime d’amour Neil Young, Iggy Pop et Leonard Cohen, on admire Patti Smith, Lou Reed ou Bruce Springsteen, mais Dylan, lui, on le quoi ? On le respire, souvent sans le savoir : sans lui, aucun de ces noms-là ne seraient le quart ou la moitié de ce qu’ils sont pour nous ! Alors, que dire de ceux d’après ?! Ce que tous et toutes – ou presque -, de Sonic Youth à Cat Power, disent de lui : mieux que la grimaçante icône ultime ou que l’énigme sur pattes qu’on va trop célébrer, Dylan demeure le Phénix corrosif et fécond, l’homme à l’esprit absolument libre qu’il a toujours été, jusque dans ses échecs et autres éclipses…

Certes, en 50 ans d’enregistrements aussi divers que profus, de tournées avortées ou qui n’en finissent, de compositions abrasives, de contradictions proclamées, de conversions fumeuses et de convulsions hagardes, il n’a toujours pas  appris à manipuler son porte-harmonica – avant d’y renoncer définitivement, au soulagement de millions de systèmes nerveux innocents ;  consenti à accorder sa guitare avec celle de ses accompagnateurs, surtout de renom – avant de renoncer pratiquement à en jouer, au profit d’un clavier de fortune au son disgracieux, mais « gaillard » ! ;/ compris que certains de ses meilleurs titres méritaient de figurer sur les albums auxquels il les destinait – préférant «  donner du temps au temps » selon ses lois…et d’insupportables aigreurs à ses  malheureux producteurs !;  admis, à propos de lois, qu’il en est au moins une série à laquelle même lui n’échappe pas plus que tout autre mortel, et qui s’appellent les lois de la pesanteur – or il existe, c’est incroyable, de par le vaste monde des gens, assez malchanceux ou assez jeunes, eh oui, pour ne pas bien le connaître. Ou très peu. Voire pas du tout ! Qui vivent sans Bob Dylan au cœur, sur un rayon de leur discothèque ou en bonne place dans leur Ipod !! Et ceux-là, il faut les sauver, ou pour le moins les éclairer, les guider à travers un dédale constitué de 34 albums studio ( dont une BO de film, une collection de rebuts, et une de chants de Noël…), 14 compilations de toutes tailles, 7 précieux volumes d’archives encore palpitantes, dont quelques « live » de première qualité, et sans compter une demi douzaine d’autres « live », de qualité, hmmm…plus inégale !

Points de repère : une première décennie prodigieuse, au cours de laquelle le gavroche du Minnesota arrache le folk de l’Age de pierre pour le catapulter dans l’ère nucléaire (4 albums de 1962 à 1964); crée de toutes pièces LA trilogie magique BRINGING IT ALL BACK HOME / HIGHWAY 61 / BLONDE ON BLONDE ( sur moins de 15 mois à cheval ente 1965 et 1966 ) ; réinvente le country-folk avec JOHN WESLEY HARDING en 1968 et lance le country rock avec NASHVILLE SKYLINE en 1969, rien que ça…La deuxième décennie, commencée par un gros trou d’air, se redresse en douleur cramoisie ( BLOOD ON THE TRACKS, 1974 ), en rages bleu nuit (DESIRE, 1975 ) avant de s’envoler en cantiques noirs de suie et d’étrangeté ( SLOW TRAIN COMING, 1979 )…La troisième oscille entre calvaire et désert, d’où n’émerge que OH MERCY en 1989…La quatrième est une renaissance d’abord empruntée ( 2 albums d’épures traditionnelles littéralement « essorées » en 1992-93 ), puis franchement flamboyante ( TIME OUT OF MIND, 1997 )…La cinquième s’écrit R.E.G.A.I.N., mais plus pour ses trésors dévoilés ( les BOOTLEGS SERIES ) que pour des « nouveautés » qui n’en sont guère ( Dylan ne compose plus vraiment : il « transmet en recyclant » sur disque autant qu’en scène…ou vice-versa… ! ) Mais comment faire son choix devant cette vingtaine de pépites d’or ?..

Trois solutions :

1. Se  les faire toutes offrir, en bloc ou au fil du temps, par des amis…qui tôt ou tard, s’ils vous méritent, vous en demanderont autant !

2.Se la jouer petit bras en cassant sa tirelire pour un GREATEST HITS ( il y en existe 3 ), un BEST OF ( on en compte 6 ou 7 selon les pays ) ou encore un concentré d’anthologie ( l’efficient double CD THE ESSENTIAL BOB DYLAN de 2000, avec ses 36 titres «  incontournables » – il en manque donc au moins autant… ; BIOGRAPH, un coffret 3 CD truffé de trésors accumulés jusqu’en 1985 ; ou THE BOOTLEG SERIES 1-3 de 1991 : même topo, mais avec six ans de plus et davantage encore de trouvailles bouleversantes …) Le tout au risque évident de mordre à l’hameçon…et d’en revenir à la solution précédente !

3.  Lire d’abord ses « Chroniques, Volume 1 » éditées en 2010 par Folio, et se laisser emporter au gré du flux : « Cette chanson-là s’est dressée devant moi jusqu’à ce que je puisse lire dans son regard. »…

3.bis Et  l’aléatoire, alors ? C’est aussi très Dylan, ça, l’aléatoire !…